Les dés sont jetés ! L’ambassadeur du Royaume-Uni à Bruxelles a finalement remis une lettre notifiant l’activation de l’article 50 du traité de Lisbonne au Conseil européen. Le spectre du Brexit devient donc une réalité. A l’occasion d’un séminaire à New York la semaine dernière, j’ai eu l’occasion d’en discuter avec plusieurs collègues, et nous étions tous d’accord sur un point : les négociations entre les 27 et le gouvernement britannique promettent d’être âpres. Au final, un compromis est loin d’être sûr, parce que il y a beaucoup à discuter. Les sujets sensibles sont en effet nombreux : la question du marché unique, bien sûr, mais aussi le retrait de la Cour de justice européenne, la question des expatriés européens au Royaume-Uni, et celle des anglais expatriés en Europe… Franchement, on peut douter que toutes les parties concernées arrivent signer quoi que ce soit en à peine deux ans ! Mais concrètement, quelles conséquences si aucun accord n’est trouvé ? Eh bien, deux ans après la notification, le Royaume-Uni sera exclu de l’UE. C’est le saut de l’ange évoqué par les journalistes, qui signifierait le retour des douanes pour les produits de consommation comme pour les personnes et détruirait tous les mécanismes d’échange mis en place au cours des années. Une telle situation est jugée comme gravissime par les experts, aussi bien pour les milieux patronaux que pour l’opposition. Néanmoins, la première ministre menace l’Europe de cette situation, en disant que cela arrivera si elle n’obtient pas ce qu’elle veut. L’Europe ne prend pourtant pas ces provocations très au sérieux : elles sont somme toute ordinaires en début de négociations, quand les parties cherchent à s’intimider en bombant le torse. Et puis, l’Europe spécule aussi sur la pression exercée par les milieux d’affaires : elle se dit qu’elle sera assez forte pour inciter le Royaume-Uni à conclure tôt ou tard avec Bruxelles. D’autant que les britanniques conservent un pouvoir de négociation bien plus faible que les Européens. Et cela restera vrai tant que ces derniers (Français et Allemands en tête) resteront unis comme ils l’ont été jusqu’à présent. Au passage, j’ai adoré ce séminaire. Voici l’agence qui l’a animé, si vous voulez vous faire une idée du programme. Pour en savoir plus, je vous recommande la lecture du blog sur ce séminaire entreprise à New York qui est très bien fait sur le sujet.
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