La démonstration la plus prenante ne décrivait pas la façon de la relancer, mais pourquoi elle est un besoin. Au cours des derniers siècles, le niveau de vie a progressé de manière spectaculaire – surtout dans cette partie du monde. Certains remettent donc en cause l’idée que notre société ait toujours véritablement besoin de croissance. C’est qu’ils assimilent la « croissance économique » au consumérisme, le développement des inégalités, la déprédation de la nature. Il y a manifestement un fourvoiement. Il est vrai que sans la croissance, aujourd’hui, nous ne connaîtrions pas de centres commerciaux, pas plus que d’obsolescence ou de grands films hollywoodiens. Mais alors il nous serait également impossible de jouir de soins de santé, de l’éducation, de vacances. C’est la croissance qui nous permet nous permettre de travailler considérablement moins qu’il y a un siècle. C’est aussi la croissance qui a rendu possible que la mortalité infantile n’a jamais autant baissé, qu’une infrasctructure autoroutière a été mis en place, que des pays pauvres sont capables de élargir leur système d’enseignement, que la redistribution est envisageable grâce aux impôts. La croissance ne constitue pas une fin en soi, elle ouvre plutôt de nouvelles perspectives. Elle est au final un instrument permettant à des êtres, des entreprises ou des populations d’arranger leur condition. Leur manière dont ils gèrent cette croissance et de fonder leurs priorités résulte en réalité de leur choix personnels. Dans certains Etats comme le Qatar, le développement de la richesse totale poussera sans doute la construction de pistes skiables dans le désert, de splendides centres commerciaux ou à la création d’un circuit de Formule 1. La Chine profitera certainement de la prospérité pour acheter des terres exploitables à l’étranger, investir dans des cépages en France, créer un système de sécurité sociale ou construire un sous-marin. La Suède choisira de étendre la couverture sociale, d’introduire une période de travail réduite ou de privilégier une plus grande protection de l’environnement. Aux États-Unis, une élévation de la richesse globale sera vraisemblablement assignée au développement du département de la sécurité intérieure et à la baisse les impôts. La croissance n’est donc pas un but en soi : ce qui compte, c’est ce que cette croissance offre à la société. Il en va de même pour les individus. Quand un homme devient plus riche au niveau des finances, il lui revient de réaliser ses propres choix. Certains useront de ce pécule pour se procurer plus de produits de consommation ou un plus gros téléphone, pour s’offrir des sorties. D’autres opteront pour leurs enfants et petits-enfants. D’autres enfin s’offriront des produits frais plus coûteux, appuieront Greenpeace ou protégeront directement les pays en difficulté. Chacun peut réprouver certains de ces choix. Tout un chacun a de meilleures idées concernant la façon d’employer cette prospérité. Mais pour être en mesure de pratiquer ces choix, la croissance est primordiale. Qu’on parle d’une meilleure éducation, de soins médicaux, d’un recul de l’âge légal de départ en retraite, de plus de défense, de moins de pollution environnementale ou de subventions culturelles… Sans croissance, notre société n’a aucune chance de s’améliorer. Ce séminaire à Font Romeu fut riche en enseignements.
j’ai été invité à suivre un séminaire à Clermont-Ferrand portant sur la question de la croissance.
Posté par bleblanc
le 14 octobre 2019
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